De l’épure à l’inspiration retrouvée
Par Benjamin Grenard, le 24 juin 2019
Retrouver les fondements d’une respiration naturelle n’est pas chose aisée pour beaucoup d’entre nous. Le Souffle est pourtant le fondement de bien des disciplines énergétiques ou respiratoires. A cet égard, le Souffle-Voix, appelé aussi pneumaphonie, propose une expérimentation et une expertise qui demeurent uniques.
Le Souffle est certainement l’élément le mieux partagé des disciplines énergétiques, physiques, sans parler bien entendu du chant. Pléthore de techniques, parfois fort sophistiquées, composent nombre de pratiques. Des plongeurs de fond aux yogis, les exploits sidèrent : la maîtrise du Souffle est bien souvent l’axe autour duquel s’articulent les éléments de toute une pratique.
Pour beaucoup d’entre nous, l’accès à une respiration naturelle et profonde n’est pourtant pas simple. L’habitus respiratoire, qui nous permet de respirer sans y prêter attention, est perturbé par des tensions physiques ou une anxiété qui nous empêchent d’être présents à l’essentiel, notamment au corps. Et quand la respiration est investie consciemment – ou plutôt devrait-on dire, dans ce cas, volontairement –, c’est souvent contaminée d’images fausses.
Les enseignants de disciplines énergétiques sont parfois démunis pour permettre l’accès à cette ressource naturelle. D’autant que, dans la stricte tradition du yoga ou de la danse indienne, les débuts de la pratique ne sont en réalité envisagés qu’après un travail préparatoire… de plusieurs années.
Car tant que le corps n’est pas prêt pour accueillir le Souffle, il paraît peu probable qu’une quelconque technique sophistiquée puisse vraiment opérer.
Revenir aux bases de la respiration
Le Souffle-Voix, ou pneumaphonie, prend le parti de revenir aux fondements. Impossible d’envisager une voix saine sans que l’acte respiratoire qui prépare et investit le chant soit lui-même intègre. La comparaison avec le tir à l’arc japonais est fréquente : Le pratiquant s’exerce inlassablement jusqu’à que le geste soit dénué d’intention, jusqu’à ce que ce soit non l’archer, mais quelque chose à travers lui qui tire la flèche. Dans le domaine du Souffle-Voix, ce dont il s’agit, c’est de lâcher-prise dans la respiration la plus simple et épurée qui soit. Le temps que met le pratiquant à contacter cette épure, cette simplicité, varie selon la qualité du dialogue intérieur qu’il est prêt à instaurer avec lui-même. Or, précisément, tout le dispositif mis en place, propre à cette pratique, est là pour lui faciliter l’accès à son intériorité, aussi bien qu’à ouvrir les espaces nécessaires du corps.
Quand cela se fait, ce n’est plus le pratiquant qui chante, mais quelque chose à travers lui, c’est la voix des profondeurs qui émerge et, même temps, la sienne propre. Le même phénomène se traduit dans le Souffle : A cet instant, le pratiquant n’inspire plus volontairement, il est inspiration. Le Corps se laisse investir par un Souffle naturel qui, au fur et à mesure de la pratique, va pouvoir se maîtriser dans la détente. Alors que le pratiquant était dans la volonté, le « faire » et le contrôle, il laisse le Souffle circuler et structurer l’ensemble du geste qui conduit à l’émergence de l’être, de sa voix, de son chant.
Laisser le Souffle se structurer par lui-même pour réinvestir le corps
Car le geste respiratoire naturel respecte toujours des données d’architecture précises. C’est d’abord au centre de soi et de son corps qu’il s’agit de plonger. Le premier temps peut passer par tout un travail de déstructuration afin que la personne retrouve son centre. Cette phase est la plupart du temps nécessaire jusqu’à ce que le pratiquant retrouve le sens de ses fondations propres. Branché sur son intérieur, il est alors en mesure de davantage laisser le Souffle prendre sa place naturelle et laisser celui-ci investir le Corps par lui-même.
Les références, les consignes ainsi que la posture de l’accompagnant sont essentielles ; il s’agit d’être capable de lire le souffle de chacun des pratiquants dans ses interactions avec le corps, de proposer le dispositif nécessaire pour laisser émerger « un fil à plomb » afin que le pratiquant soit établi dans son centre et ses racines, de lui permettre de contacter l’état intérieur et la posture favorables à ce qu’une fois enraciné dans le centre, le geste respiratoire puisse se développer porté par son propre élan et non par la volonté. Le Souffle se structure ainsi par lui-même : il n’est plus soumis à la volonté mais, au contraire, devient l’axe imparable qui se développe naturellement et donne lieu à la manifestation ou la production de tel ou tel acte.
Dans cette expérience, il s’agit, d’une certaine manière, de permettre au pratiquant de toucher cet état de « ne rien faire » qui exige paradoxalement une discipline de l’esprit, une disponibilité absolue. C’est alors qu’on observe que, bien souvent, le mouvement se recrée depuis l’immobilité intérieure ; toute l’énergie est ainsi absorbée dans l’observation et la reconnaissance d’une pulsation et d’un élan qui nous dépassent. Toucher ce phénomène dans la simplicité est certainement un tremplin pour refaire l’expérience dans le quotidien et transformer l’habitus respiratoire. Le tout peut être soutenu par un ensemble de micro-pratiques qui viendront nourrir la vie quotidienne.
En somme, c’est non pas en ajoutant, ni en sophistiquant davantage que l’on retrouvera son Souffle ; au contraire : épurer le geste tout en plongeant à l’intérieur de soi constitue les prémices d’une inspiration retrouvée.
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, les sessions Souffle-Voix permettent à tout un chacun de plonger dans l’expérimentation et d’espérer des transformations. Ceux qui seront intéressés par cette approche spécifique de l’accompagnement – professionnels de disciplines respiratoires et énergétiques, accompagnants dans la relation d’aide – bénéficieront avantageusement, je le crois, des formations transdisciplinaires axées exclusivement autour du Souffle et du Corps que nous proposons.